Préparation à l'épreuve écrite de commentaire de documents Claude Grasland
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Objectifs
INTRODUCTION
Les lieux ne constituant pas des systèmes fermés, on ne peut appréhender valablement les indicateurs qui les décrivent sans faire intervenir celle des lieux qui les entourent (contexte spatial) où celle des entités spatiales de niveau supérieur auxquels ils appartiennent (contexte territorial).
D'un point de vue formel (Cf. Chapitre 2 : La matrice d'information géographique) cette prise en compte conduit à deux types d'analyses de nature assez différentes.
Contexte territorial : Un ensemble de lieux (1..i..n) sont décrits
par un ensemble quelconque d'attributs (X1 ... Xk) pour lesquels il prend
les valeurs Xi,1 ... Xi,k. La matrice X définit donc une matrice
d'information géographique comportant n lieux décrits par
k attributs. On suppose qu'il existe par ailleurs un découpage de
l'ensemble des lieux en zones Z1..Zp de tel sorte que chaque lieu est caractérisé
par une variable d'appartenance A qui indique la zone à laquelle
il se rattache (Ai est la zone à laquelle appartient la région
i). On note XA1...XA..k les valeurs moyennes des attributs à l'intérieur
de chacune des zones de sorte que XA est une matrice d'information géographique
plus réduite que la précédente (agrégation
territoriale).
=> Analyser l'influence du contexte territorial revient alors à
examiner l'influence de l'appartenance des lieux sur le niveau de
leurs attributs c'est-à-dire étudier la relation X = f(A).
Dans la pratique, ceci revient à se demander si deux lieux
appartenant à la même zone se ressemblent plus que deux lieux
appartenant à des zones différentes ou, si l'on préfère,
à tester l'hypothèse selon laquelle les zones correspondent
à des régions homogènes pour les différents
critère X1...Xk. Par rapport à une formalisation relationnelle,
ceci revient à se demander si la dissemblance de deux lieux (DSij
= f(Xi,Xj)) est une fonction de leur appartenance territoriale commune
(Aij = f(Ai,Aj)). Cette problématique correspond à la notion
d'autocorrélation territoriale.
Contexte Spatial : La matrice d'information géographique
X (Cf. ci-dessus) est cette fois -ci mise en relation avec les localisations
L1...Li...Ln de ces différents lieux dans un espace muni d'une distance
D qui exprime la proximité entre les lieux : Dij = d(Li,Lj). D peut
être une mesure continue d'éloignement (temps, kilomètre,
coût, ...) ou une mesure discrète (contiguïté,
distance topologique dans un réseau, ...). On peut alors construire
un ensemble de matrices XV qui expriment la valeur de l'indicateur X dans
un certain voisinage spatial V qui est une fonction f de la distance D.
Ainsi, on peut calculer la moyenne de X dans un voisinage de 100 km autour
de chaque lieu ou bien la moyenne des régions voisines de X, etc.
=> Analyser l'influence du contexte spatial revient alors à
examiner si la localisation des lieux a une influence sur leurs attributs
selon un modèle X=f(L). En termes relationnels, ceci revient
à se demander si la dissemblance de deux lieux (DSij = f(Xi,Xj))
est une fonction de la distance qui les sépare (DSij = f(Dij)=f(d(Li,Lj))).
Cette problématique est définie sous le terme d'autocorrélation
spatiale dans les manuels d'analyse spatiale puisqu'elle revient à
examiner si une variable est corrélée avec elle même
dans l'espace.
Dans le cadre de la préparation à l'agrégation,
on ne cherchera pas à présenter de façon détaillée
les modèles d'autocorrélation spatiale et territoriale (l'étudiant
intéressé peut se reporter au chapitre 4 de mon cours d'analyse
spatiale de licence) et on se focalisera sur des applications plus
simples des notions de contexte géographique (spatial ou territorial)
à l'étude d'un ensemble de documents. On cherchera surtout
à montrer comment il est possible d'enrichir considérablement
un commentaire (et de le rendre authentiquement géographique) à
travers des méthodes très simples de contextualisation.
A) LA NOTION DE CONTEXTE TERRITORIAL
Nous avons retenu comme exemple le problème de la mesure des inégalités économiques régionales en Europe car il s'agit d'un problème fondamental sur le plan thérorique et aprement discuté sur le plan politique. Les primes que reçoivent les régions de l'Union Européenne (ou de leur pays de rattachement) sont en effet étroitement liées à la manière dont sont mesurées les inégalités régionales.
Les documents fournis constituent le brouillon du chapitre que nous avons consacré à cette question dans le dernier volume de l'Atlas de l'Aménagement du Territoire ou aux documents de travail réalisés dans le cadre de différents programmes européens (Cf. Bibliographie).
A.1) Le choix de l'indicateur et du maillage de base
On doit tout d'abord rappeler que l'analyse des inégalités
territoriales dépend étroitement de l'indicateur retenu mais
aussi du découpage territorial qui sert de base à l'analyse.
Le fait de retenir les régions de niveau NUTS 2 pour mesurer les
inégalités économiques en Europe n'est pas gratuit
et les résultats seraient considérablement différents
avec un découpage plus fin ou plus grossier
Carte 1 : Population et PIB/habitant des régions européennes
de niveau NUTS2 en 1996
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Source : Eurostat-Regio, 1998.
Différentes tant par leur superficie que par leur population, les 200 régions européennes de niveau NUTS 2 forment un maillage très hétérogène, mais qui sert pourtant de base à toutes les politiques régionales développées par l'Union Européenne. Faute de mieux, le critère de la richesse économique moyenne (PIB/habitant en euros) demeure le plus couramment utilisé pour définir les régions les plus favorisées (orange et rouge) et les régions les moins favorisées (bleu). En dehors du poids lourd que constitue l'Ile de France (1ere région européenne pour le PIB en volume et 8e pour le PIB par habitant), les régions françaises occupent une position moyenne à l'intérieur de l'espace européen. Les régions françaises les mieux placés en dehors de Paris sont la Haute Normandie (49e) et l'Alsace (51e) pour la richesse par habitant, Rhône-Alpes (7e) et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (16e) pour la richesse en volume. Les régions les moins favorisées sont la Corse (181e) pour la richesse en en volume et le Languedoc-Roussillon (120e) pour la richesse par habitant. |
A.2 ) Ecart d'un lieu à l'espace de référence
Le premier type d'analyse (que l'on peut toujours effectuer) consiste à mesurer la position d'un lieu par rapport à l'ensemble de référence constitué par l'ensemble des lieux étudiés, à condition que celui-ci soit dotée d'une certaine pertinence. Dans notre exemple, ceci revient à mesurer la déviation du PNB/hab. d'une région par rapport à la moyenne européenne de ce PNB/habitant. Beaucoup de solutions sont possibles, la plus simple consistant à utiliser une déviation relative du type
DEV_Eur(i) = 1 - (Xi / X_Eur)
Carte 2 : Ecart relatif des régions européennes au
PIB moyen de l'UE en 1996
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Source : Eurostat-Regio, 1998.
L'écart relatif entre le PIB/habitant d'une région et la moyenne de l'Europe des 15 (18264 euros/habitant en 1996) constitue un critère décisif en matière d'aménagement du territoire puisque c'est à partir de l'évaluation de ces déviations par Eurostat que sont attribuées les primes les plus substantielles aux régions en retard dans le cadre des différents objectifs Exception faite de l'Ile de France (+74%), la majorité des régions françaises se situent dans une fourchette très proche de la moyenne européenne (de -15% pour le Languedoc-Roussillon à +15% pour la Haute-Normandie) ce qui s'explique à la fois par la situation "moyenne" du pays mais aussi par le taille relativement importante des 22 régions françaises. Un découpage plus fin (département ou arrondissement) révélerait en effet des poches de pauvreté atteignant le seuil fatidique des -20% ou des -25% qui permet de bénéficier des apports européens les plus substantiels (Objectif 2). Le tableau relativement favorable qui ressort de la carte présentée peut toutefois être nuancé si l'on tient compte du mode de calcul du PIB (euros courant ou parités de pouvoir d'achat) et de l'évolution récente des régions françaises par rapport à celles des pays environnant. |
Lorsqu'on discute les résultats d'une analyse de ce type, il
faut penser à s'interroger sur la validité de l'espace de
référence et sur ses éventuelles modifications au
cours du temps. Ainsi, l'hostilité de l'Espagne à l'élargissement
de l'Union Européenne vers l'est est bien compréhensible
si l'on remarque que l'adhésion des PECO (dont le PNB/hab. est plus
faible que celui de l'Espagne) entrainerait une modification de la moyenne
générale européenne et donc une "amélioration"
relative de la position des régions espagnoles. Au lieu de se situer
à -20 ou -30 % de la moyenne européenne, elles passeraient
pour la plupart au dessus du seuil fatidique permettant de toucher des
fonds structurels ...
A.3 ) Ecart d'un lieu à un niveau intermédiaire de découpage territorial
L'analyse de la position des lieux par rapport à un découpage
intermédiaire de l'espace de référence constitue le
domaine d'élection de la méthode d'analyse des contextes
territoriaux. Il s'agit dans notre exemple de comparer la position des
régions (unités élémentaires) par rapport à
celle de leurs Etats d'appartenance (niveau intermédiaire) et non
plus par rapport à l'ensemble de l'Union Européenne (espace
de référence). La question sous-jacente est de déterminer
si les différences entre les régions européennes sont
organisées au niveau des Etats (toute les régions d'un même
Etat ayant des niveaux voisins) ou si de fortes variations existent à
l'intérieur de ce niveau intermédiaire. D'un point de vue
politique, ceci pose le problème de la complémentarité
ou des contradictions entre les politiques européennes et régionales
d'aide aux régions défavorisées. En effet, une région
peut se trouver en position favorable au niveau européen et défavorabla
au niveau national ou bien l'inverse.
Carte 3 : Ecart relatif des régions européennes au
PIB moyen par habitant de leur pays d'appartenance en 1996
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Source : Eurostat-Regio, 1998.
Malgré l'importance croissante des politiques communautaires, c'est encore le plus souvent dans le cadre national que sont menées les politiques les plus importantes de réduction des inégalités régionales de développement économique. Inversement, les investisseurs étrangers qui s'installent à l'intérieur d'un pays vont souvent privilégier la région la plus développé au niveau national, sans tenir compte de sa situation à l'échelon européen La carte des écarts régionaux à la moyenne nationale constitue donc une grille de lecture complémentaire de la carte des déviations à la moyenne européenne. Le cas français, assez proche en cela de celui de la Finlande, de la Grèce, du Portugal ou du Royaume-Uni se caractérise par l'opposition globale entre la région capitale et le reste du pays. En dehors de l'Ile de France (+54%), seules les régions de Haute-Normandie (+2%) et d'Alsace (+1%) ont un niveau économique supérieur à la moyenne française. En dehors de l'opposition Paris-Province, on ne repère cependant pas de clivage majeur à l'intérieur du territoire français et l'ancienne opposition entre la France du nord-est et celle du sud-ouest est depuis longtemps effacée. La France ne connaît donc pas les grands clivages territoriaux ou les gradients majeurs de développement qui marquent des pays tels que l'Espagne, l'Italie, l'Autriche, l'Allemagne ou la Belgique |
A.4) Ecart d'un lieu aux lieux qui lui sont territorialement proches
L'analyse de la contiguïté territoriale est un objet hybride
qui renvoit à la fois à l'étude des contextes territoriaux
(puisqu'elle se fonde sur la prise en compte d'un maillage) et à
celle des contextes spatiaux (puisqu'elle introduit une notion de distance).
Dans le cas étudié, la mesure de l'écart entre la
richesse par habitant d'une région et celle des régions voisines
permet de mettre à jour des logiques locales que l'on suppose indifférentes
à la présence des frontières nationales.
Carte 4 : Ecart relatif des régions européennes au
PIB moyen par habitant des régions voisines en 1996
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Source : Eurostat-Regio, 1998.
Dans une perspective d'ouverture croissante des frontières et de développement de la coopération inter-régionale, il est intéressant d'introduire un troisième paramètre mesurant l'écart entre le niveau économique d'une région et la valeur moyenne dans son voisinage immédiat (somme de la richesse des régions contiguës divisée par leur population). On peut ainsi repérer des avantages comparatifs locaux qui font d'une région un pôle de développement ou une enclave de faible développement local, indépendamment de sa situation nationale ou européenne. La région Aquitaine apparaît ainsi comme un pôle interrégional relativement attractif puisque sont PIB par habitant est supérieur de 17% à la moyenne des régions françaises et espagnoles qui l'entourent. Inversement, la région de Haute-Normandie affiche une valeur fortement négative pour ce critère (-22%) en raison du voisinage immédiat de la région Ile-de-France. Quant à l'Alsace, dont le niveau de développement est à la fois supérieur à celui des régions françaises voisines mais inférieur à celui des régions allemandes, elle présente une situation de relatif équilibre pour ce critère (-4%). Au total, ce critère met en évidence la situation locale très défavorable des régions périphériques du parisien (Haute-Normandie, Picardie, Champagne-Ardennes, Bourgogne, Centre) et l'avantage relatif de certaines régions méridionales (Aquitaine, Midi-Pyrénées, Rhône-Alpes) par rapport à leurs concurrentes immédiates en France ou à l'étranger. |
A.5 Combinaison de contextes territoriaux
Une fois que l'on a analysé les spécificités de
la position d'un lieu sur l'ensemble des contextes territoriaux, il faut
tenter de dégager une synthèse de la position globale. Différentes
solutions sont possibles, ainsi qu'on a pu le voir dans le module consacré
au problèmes de classification et régionalisation (Cf.
Module n°4).
Carte 5 : Synthèse des atouts et handicaps des régions
européennes pour le critère du PIB moyen par habitant en
1996
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Source : Eurostat-Regio, 1998.
En rassemblant nos observations précédentes (Carte 5 et Tableau 2) on peut dresser une typologie de la position économique des régions françaises à l'intérieur de l'espace européen qui met en évidence 4 ou 5 grands types de situation. |
En se limitant au cas des régions françaises, on vout que ceci conduit au tableau de synthèse présenté ci-dessous.
Tableau 2 : Synthèse de la position des régions françaises en Europe pour le critère du PIB par habitant 1996
Nom de l'unité spatiale | Population et richesse | Ecarts relatifs à la moyenne | ||||
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Ile-de-France |
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Champagne-Ardenne |
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Picardie |
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Haute-Normandie |
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Centre |
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Basse-Normandie |
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Bourgogne |
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Nord-Pas-de-Calais |
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Lorraine |
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Alsace |
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Franche-Comté |
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Pays de la Loire |
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Bretagne |
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Poitou-Charentes |
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Aquitaine |
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Midi-Pyrénées |
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Limousin |
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Rhône-Alpes |
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Auvergne |
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Languedoc-Roussillon |
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Provence-Alpes-Côte_d'Azur |
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Corse |
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France |
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Europe des 15 |
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PIH96 : produit intérieur
en euros courants (millions)
POP96 : population résidente (en milliers d'habitant) PIH96 : niveau moyen de développement économique (en euros/habitant) UE15 : écart relatif à la moyenne européenne (en %) France : écart relatif à la moyenne française (en %) Voisinage : écart relatif à la moyenne des régions contiguës (en %) |
On peut en déduire une typologie des régions françaises
A) Avantage absolu sur tous les critères : l'Ile de France
IDF Seule de sa catégorie, l'Ile de France cumule
tous les avantages.
B) Bonne position européenne et nationale mais niveau inférieur
aux régions voisines
La Haute-Normandie et dans une moindre mesure l'Alsace se caractérisent par un bon niveau de développement national ou international mais par une relative faiblesse vis à vis de régions environnantes nettement plus riches. C) Position européenne et nationale moyenne mais avantage
par rapport aux régions voisines
Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Aquitaine se caractérisent par des niveaux moyens sur le plan national et international mais avec un important avantage comparatif par rapport aux régions environnantes. D) Situation moyenne au niveau européen et assez faible
au niveau national mais comparable à celui des régions voisines
Ce type caractérise la plupart des régions françaises avec des variantes . E) Situation faible pour tous les critères.
Sans s'écarter beaucoup de la moyenne européenne, les régions de ce type se caractérisent par une faiblesse marquée au niveau national et surtout au niveau local. Outre les régions voisines de l'Ile-de-France, ce type concerne les régions de la bordure NE de la France située au contact des régions étrangères plus dynamiques de Flandres, d'Allemagne et du Luxembourg.
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A.6) Prise en compte des contextes temporels
On ne doit enfin jamais perdre de vue que les contextes territoriaux se combinent avec des contextes temporels. Tout comme on ne peut appréhender la situation d'un lieu sans prendre en compte les lieux qui lui sont géographiquement proche, on ne peut analyser la situation à un instant donné sans prendre en compte les héritages des situations antérieures et les éventuelles anticipations sur les situations futures.
Dans le cas des régions françaises, la prise en compte
de l'évolution de la position économique des régions
françaises au cours des 15 dernières années permet
de révéler une dégradation inquiétante de la
situation économique de la plupart des régions périphériques,
surtout si on les compare à leurs homologues étrangères.
Tableau 3 : Evolution de la richesse par habitant des régions frontalières françaises et de leurs homologues étrangères (1980-1996) en fonction du mode de calcul du PIB.
Régions | PIB/hab. en euros courants | PIB/hab. en p.p.a. | |||||
1980
|
1996
|
1980-1996
|
1980
|
1996
|
1980-1996
|
||
Nord-Pas-de-Calais |
107
|
94
|
-13
|
98
|
85
|
-13
|
|
Flandres-Ouest |
120
|
119
|
-1
|
105
|
117
|
12
|
|
Hainaut |
93
|
82
|
-11
|
82
|
81
|
-1
|
|
Lorraine |
116
|
97
|
-19
|
106
|
89
|
-17
|
|
Luxembourg |
125
|
185
|
60
|
114
|
169
|
55
|
|
Alsace |
126
|
115
|
-11
|
115
|
105
|
-10
|
|
Freiburg |
124
|
126
|
2
|
110
|
126
|
16
|
|
Rhône-Alpes |
123
|
110
|
-13
|
112
|
100
|
-12
|
|
Piémont |
94
|
105
|
11
|
118
|
120
|
2
|
|
Languedoc-Roussillon |
94
|
86
|
-8
|
86
|
78
|
-8
|
|
Catalogne |
66
|
83
|
17
|
82
|
99
|
17
|
Le premier enseignement de ce tableau est la mise
en évidence de la diminution relative de la richesse économique
des régions frontalières françaises par rapport à
leurs homologues étrangères au cours de la période
1980-1996. D'une manière générale, toutes les régions
françaises considérées voient leur position européenne
se dégrader tandis que celle des régions étrangères
qui leurs sont contiguës tend à s'améliorer (Luxembourg,
Allemagne, Italie, Espagne) ou à se dégrader moins fortement
(Belgique).
Mais cette dégradation apparaît encore
plus marquée si l'on raisonne non plus en euros courant mais en
parités de pouvoir d'achat. En effet, hormis dans le cas du Luxembourg
et de l'Allemagne, le coût de la vie est plus élevé
en France que dans les pays voisins (Belgique, Italie, Espagne) et la position
relative des régions frontalières françaises apparaît
encore moins favorable si l'on tient compte de ce paramètre. Ainsi,
le Languedoc-Roussillon à un PIB par habitant légèrement
plus élevé que celui de la Catalogne en euros courant mais
nettement plus faible si l'on raisonne en parités de pouvoir d'achat.
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B) LA NOTION DE CONTEXTE SPATIAL
Faute de temps (ce cours d'agrégation en est à sa première édition) nous ne sommes pas en mesure de proposer dès cette année un cours en bonne et dûe forme sur ce sujet extrêmement complexe. Nous pouvons toutefois recommander aux étudiants la lecture du chapitre D ("Un Monde sans frontières") du cours de licence de Géographie du Monde que nous dispensons à Paris 7 avec Christian Grataloup et qui détaille assez précisément l'intérêt et les enjeux de cette notion de contexte spatial.
On recommandera plus précisément la lecture des parties suivantes :
D.1 Limites
de la grille d'analyse territoriale (Monde par Etat) : ce sous-chapitre
discute la pertinence respective des approches territoriales de la mondialisation
(grille des Etats) et des approches sans frontières (élimination
des frontières politiques dans l'analyse).
D.2 Construction
d'une grille d'analyse spatiale multiscalaire : ce sous-chapitre
explique la méthode de construction des contextes spatiaux qui permettent
d'observer le Monde sans passer par l'intermédiaire obligé
des Etats.
CONCLUSION
Faute de temps (et de connaissances), nous avons limité nos exemples
d'application à des problèmes de géographie économique
et de géographie humaine, mais il est tout à fait évident
que le même type de raisonnement peut s'appliquer aux autres champs
de la géographie. On remarquera toutefois que la notion de contexte
territorial apparaît moins utile en géographie physique dans
la mesure où la plupart des phénomènes naturels ne
sont pas soumis à l'existence de frontières ou de maillages
susceptible d'interrompre brutalement leur action. Il n'en demeure pas
moins que des discontinuités traversent les milieux physique et
que l'appréhension discrète de l'espace (e.g. analyse par
bassin-versant) y trouve également de nombreux champs d'application.
A RETENIR :
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EXERCICE
N°12
Analyse des contextes territoriaux
sujet : Les inégalités économiques
des régions de l'axe rhénan en 1996
EXERCICE
N°13
Analyse des contextes spatiaux
sujet : Accessibilités démographique
et économique comparées de Moscou, New-York et Tokyo
Exemple d'analyse des contextes territoriaux : Géographie de l'Europe